La planète télécoms met la pression pour précipiter l’arrivée de la 5G
L’écosystème s'est mis d’accord pour définir des normes provisoires pour la « quasi » 5G.Les démonstrations se multiplient et les premiers services sont attendus pour l’an prochain.
L'industrie des télécoms a décidé d'aller plus vite que la musique. Depuis deux ans, la 5G est dans toutes les têtes, fait partie de toutes les discussions et de toutes les présentations des différents acteurs du secteur. Au Mobile World Congress, organisé il y a un mois à Barcelone, elle s'affichait partout . Le déploiement de cette nouvelle technologie, censée offrir, entre autres améliorations, des débits au moins cent fois supérieurs à la 4G, est pourtant prévu à partir de 2020. Mais le calendrier pourrait s'accélérer, sous la pression des équipementiers et des opérateurs.
Lors d'une réunion organisée il y a trois semaines à Dubrovnik, en Croatie, le 3GPP, l'organisme international qui produit et publie les spécifications techniques pour les réseaux mobiles, a validé le principe d'une accélération du processus de normalisation. Cela devrait passer notamment par la validation d'une « quasi » 5G dès l'an prochain.
La proposition vient des industriels eux-mêmes. En ouverture du MWC, le mois dernier, une vingtaine d'entreprises, dont Ericsson, Qualcomm, ATT et Vodafone, avait signé une lettre commune appelant à aller plus vite sur la standardisation, afin de multiplier les tests et de pouvoir offrir des services plus rapidement. « Des réunions de la 3GPP, il y en a tous les mois. Mais là, on sent clairement une volonté d'accélérer depuis le début de l'année, et encore plus depuis Barcelone », témoigne un bon connaisseur du secteur.
L'industrie s'est pour l'instant accordée sur l'adoption d'une norme intermédiaire et provisoire, baptisée « Non Standalone New Radio 5G ». Elle pourrait être prête dès la mi-2018, et permettre ainsi aux « telcos » de délivrer de nouveaux services, en attendant la vraie 5G. « Il s'agit en fait d'une pré-5G, qui fonctionnera sur les réseaux actuels. On va pouvoir prendre les infrastructures et les fréquences utilisées par la 4G pour fournir des performances qui ressemblent aux promesses de la 5G », explique Merouane Debbah, directeur de la R&D chez Huawei France.
Avec cette première spécification, assure l'expert, il sera ainsi possible d'offrir des débits d'au moins 10 Gbits par seconde, ce qui correspond aux objectifs de la 5G. En revanche, il ne sera pas possible de délivrer les latences (temps de réponse) attendues (1 milliseconde), ou même ce qui est requis en termes de consommation énergétique. « Il faudrait changer tout le coeur de réseau pour y arriver », précise Merouane Debbah.
Difficile d'imaginer aussi que des smartphones 5G seront disponibles dès 2018, même si Qualcomm propose déjà dans son catalogue produits des composants (modems) compatibles. Les opérateurs américains Verizon et ATT, très en avance sur le sujet, veulent utiliser la pré-5G pour pouvoir fournir des services commerciaux dès l'an prochain, mais pour un usage s'apparentant à l'Internet fixe. Des tests sont déjà en cours dans une dizaine de villes outre-Atlantique. Ils doivent permettre aux opérateurs de mieux apprécier les caractéristiques techniques mais aussi le coût de déploiement et les offres commerciales qui peuvent être conçues.
En France, la 5G semble encore lointaine, alors qu'environ 20 % de la population n'a pas encore accès à la 4G. Mais les opérateurs télécoms, encouragés par les équipementiers, multiplient aussi, depuis le début de l'année, les expérimentations. Après Orange fin janvier , c'était au tour de Bouygues Telecom de faire une « démo » il y a dix jours, face à la presse - dans les deux cas, Ericsson était partenaire technologique.
En savoir plus
Free Mobile : Xavier Niel lance l’illimité en 4G
L'opérateur télécoms renforce son offre qui permettait déjà depuis mi-mars de bénéficier de frais d'itinérance sans surcoût dans plus de 35 pays.
La guerre de la 4G illimitée aura bien lieu et la surenchère se poursuit entre les opérateurs télécoms sur la data. Ce mardi matin, Free a annoncé que son offre mobile allait désormais intégrer la 4G en illimitée en France. Ce service est inclus dans le forfait mobile à 15,99 euros par mois des abonnés à la Freebox et s'ajoute aux appels, SMS et MMS illimités en France métropolitaine, a précisé Iliad, la maison-mère de Free, dans un communiqué.
Concernant les abonnés au forfait mobile Free, ne disposant pas d'un abonnement Freebox, l'opérateur va augmenter son offre à 100 Go/mois sans modifier le prix (19,99 euros/mois), et donc doubler le volume jusqu'à présent disponible (50 Go). Cette offre du groupe de Xavier Niel intervient quelques jours après que SFR a dégainé, la semaine dernière, via sa marque low-cost RED, un forfait à 100 Go moyennant 20 euros par mois.
Celle-ci est néanmoins limitée dans le temps et en nombre d'abonnés puisqu'elle est plafonnée à 100.000 souscriptions et ne sera disponible que jusqu'au 3 avril prochain, (au bout d'un an, la facture repasse à 24,99 euros, et l'enveloppe data retombe à 20 Go : NDLR).
La semaine dernière, Orange y est aussi allé de sa promotion en baissant le prix de son forfait Sosh à 20 Go pour passer à 9,99 euros par mois pendant un an (contre 24,99 euros). Bouygues Telecom a quant à lui fait monter son forfait B&You 20 Go à 50 Go, tout en baissant le prix (9,99 euros contre 24,99).
Cette bataille de la data se déroule aussi sur le front du roaming (frais d'itinérance). Mardi dernier, Free a enrichi son forfait à 19,99 euros avec des frais d'itinérance gratuits toute l'année en Europe, agrémentés de 5 Go de data à consommer dans 35 pays en tout.
Quelques heures plus tard, SFR, moqué par Niel sur Twitter , boostait, à son tour, son forfait en offrant 15 Go de roaming (contre 5Go précédemment), toute l'année, dans plus de 60 pays. Et pour contrer Free, l'opérateur a inclus le Canada, ainsi que les Etats-Unis dans son offre améliorée. Les hostilités devraient se poursuivre entre les opérateurs.
Drahi rachète la pépite Teads sur la base d’une valorisation de 285 millions
Altice a annoncé l’acquisition de cette jeune pousse tricolore spécialisée dans la publicité vidéo en ligne.
Le magnat américain Rupert Murdoch s'intéressait de près à Teads . C'est finalement Patrick Drahi qui a mis la main sur cette pépite de la French Tech. Ce mardi matin, Altice a annoncé avoir racheté cette jeune pousse tricolore spécialisée dans la publicité vidéo en ligne.
Les termes de l'acquisition valorise la start-up jusqu'à 285 millions d'euros sur une base nette de trésorerie et de dette, selon un communiqué d'Altice. La transaction devrait être conclue au milieu de l'année. D'après l'accord, le prix reste conditionné à l'atteinte par Teads de certains objectifs de croissance en 2017. Les trois quarts (75%) du prix d'acquisition seront réglés lors de la signature finale.
« La convergence des télécoms, des contenus et de la publicité est le coeur de notre business », a affirmé Michel Combes, le PDG d'Altice. L'équipe de direction de Teads va rester en place. De son côté, l'actuel directeur exécutif Pierre Chappaz deviendra membre du conseil d'administration d'Altice et responsable de toutes les activités publicitaires.
Créé en 2005 par Pierre Chappaz et Bertrand Quesada (PDG), Teads s'est repositionné pour se concentrer exclusivement sur la vidéo publicitaire après l'entrée à son capital de la société d'investissement européenne Gimv en 2011. Trois ans plus tard, la jeune pousse montpelliéraine avait fusionné avec Ebuzzing, un distributeur de vidéos publicitaires.
En août 2016, Teads avait levé 43 millions d'euros lors d'un tour de table auprès d'un syndicat de banques mené par BNPP et auquel avaient également participé Bank of China, HSBC, la Banque publique d'investissement (BPI) et la Banque Palatine.
L'an dernier, la start-up a généré un chiffre d'affaires de 187,7 millions d'euros, en hausse de 44% sur un an. Teads comptabiliserait 1,2 milliard de visiteurs uniques, dont 720 millions uniquement via le mobile. Parmi ses clients, la start-up compte notamment The Washington Post, Conde Nast, ou encore The Daily Mail, The Telegraph, Axel Springer, Le Monde... Présente dans 21 pays, Teads est actuellement le numéro un mondial de la vidéo publicitaire selon le classement de ComScore et emploie plus de 500 salariés.
En savoir plus
Nouveau billet de 50 euros , le 4 avril 2017
Découvrez le nouveau billet de 50 euros
Orange Bank : lancement prévu mi-mai
Lors des résultats de Groupama, dont la filiale bancaire a été acquise par Orange, le directeur général de l’assureur a donné des détails sur le calendrier de lancement d’Orange Bank.
L'offre d' Orange Bank sera lancée à la mi-mai, a déclaré vendredi le directeur général de Groupama. Orange a pris 65% du capital de Groupama Banque pour créer Orange Bank avec l'ambition d'atteindre plus de deux millions de clients en France.
L'offre grand public sera lancée dans le réseau d'Orange à la mi-mai », a déclaré Thierry Martel, directeur général de Groupama, lors d'une conférence de presse sur les résultats annuels de l'assureur mutualiste. La banque mobile d'Orange sera dirigée par André Coisne , l'ancien directeur général de Bforbank, la banque en ligne du Crédit agricole.
Orange avait dit fin février anticiper que le lancement d'ici à l'été de son projet de banque mobile en France lui coûterait 100 millions d'euros en 2017, avec l'objectif d'atteindre l'équilibre d'ici cinq ans.
Groupama a vu son bénéfice net baisser de 12,5% en 2016, l'assureur mutualiste ayant été pénalisé par des sinistres plus importants et une dépréciation. Le résultat net du groupe s'est élevé à 322 millions d'euros, rogné notamment par une charge de 88 millions d'euros liée à une dépréciation sur la filiale turque.
« Nos résultats 2016 résistent en dépit d'une année marquée par une sinistralité exceptionnellement élevée sur les récoltes et une sinistralité corporelle très au-dessus de la moyenne », a relevé le directeur général de Groupama SA, Thierry Martel.
En savoir plus
4G « illimitée » : le nouveau front ouvert par Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom
Les opérateurs télécoms rivalisent de plus en plus sur le volume de data proposé dans leurs forfaits mobiles.
Après la guerre des prix, c'est désormais la guerre de la data dans les télécoms. Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free rivalisent de plus en plus sur le volume de données proposé dans leurs forfaits mobiles. Cette semaine en a été un bon exemple avec une avalanche d'offres très généreuses en data, à des prix attractifs.
C'est SFR qui est allé le plus loin en dégainant une offre spéciale RED avec un forfait à 100 Go pour seulement 20 euros par mois. L'opérateur de Patrick Drahi, se positionne ainsi comme le plus généreux de France en volume de data. Rodé au lancement de promotions express, Bouygues Telecom a proposé dans la foulée un forfait B&You à 50 Go pour seulement 9,99 euros par mois ! Au bout d'un an, la facture passe toutefois à 24,99 euros, et l'enveloppe data retombe à 20 Go.
Moins prompt à jouer la guerre des promos, Orange a néanmoins baissé à son tour cette semaine le prix de son forfait Sosh à 20 Go pour passer à 9,99 euros par mois pendant un an (contre 24,99 euros).Ces offres sont toutes limitées dans le temps, et pour SFR, elle n'est, en plus proposée, qu'à 100.000 clients.
Mais le premier à avoir joué à ce petit jeu, c'est Free, avec son forfait à 50 Go, qu'il propose depuis septembre 2015. Mardi, l'opérateur de Xavier Niel a encore affolé tout le monde, en enrichissant son forfait à 19,99 euros avec du roaming gratuit toute l'année en Europe et en proposant 5 Go de data à consommer chaque mois dans des pays comme les Etats-Unis, le Canada ou l'Australie.
Cette course à l'échalote s'explique par la consommation de plus en plus importante de data par les Français. La 4G qui permet de télécharger plus vite a rendu le consommateur avide de données. Parallèlement, les usages évoluent. On télécharge ainsi de plus en plus de vidéos sur son mobile. Or, une vidéo, c'est lourd, et cela nécessite beaucoup de bande passante, donc de Go.
Cette avalanche de data peut néanmoins sembler surprenante, car la consommation moyenne des Français reste bien en-deçà des volumes offerts par les opérateurs. Selon l'Arcep, elle s'élevait à mi-2016 à 1,8 Go par mois pour des abonnés avec un forfait 3G/4G. Chez Free, qui compte les plus gros consommateurs de data mobile, la moyenne est de 4,9 Go, tandis que chez SFR c'est plutôt 3 à 4 Go.
En réalité, consommer 50 Go, voir 100 Go, reste extrêmement rare aujourd'hui. Cela peut arriver quand l'abonné utilise la 4G de son mobile sur son ordinateur portable, en partage de connexion, pour regarder des films, par exemple. Mais, sachant qu'un film consomme entre 1 et 2 Go, il faudrait en regarder plus de 50 par mois pour atteindre 100 Go !
« Avec toutes ces annonces, c'est évidemment une guerre marketing qui se joue. Les opérateurs montrent qu'ils en offrent toujours plus à leurs clients. Mais ils savent très bien que la très grande majorité des abonnés ne consommera jamais tout ça », commente Nicolas Didio, analyste chez Berenberg. Pourtant, à bien regarder les catalogues des uns et des autres, on se déplace de plus en plus vers des forfaits standard à 20 Go.
En savoir plus
SFR : Une offre à 100 Go mobile dégainée
Red by SFR, la marque low cost de l'opérateur au carré rouge, annonce mercredi soir le lancement d'un offre inédite : un forfait mobile de 100 Go à 20 euros par mois. C'est la première fois qu'une offre mobile à 100 Go par mois est lancée par un opérateur télécoms en France.
L'offre est limitée dans le temps et en nombre d'abonnés : elle n'est disponible qu'à compter du 16 mars et jusqu'au 3 avril 2017. Et "dans la limite de 100 000 souscriptions", souligne SFR. L'opérateur ajoute qu'avec une offre à 20 euros, certes attractive, ce n'est cependant pas une offre sacrifiée en termes de prix. "SFR ne veut pas entrer dans la bataille des prix", martèle la direction.
SFR a perdu plus de 2 millions d'abonnés l'an dernier. Cette offre illustre la poursuite de sa politique de reconquête. C'est aussi un message implicite aux clients actuels et futurs, pour leur montrer qu'il possède un réseau capable de supporter de nombreux téléchargements.
L'opérateur, qui a connu des difficultés avec son réseau ces deux dernières années, a beaucoup investi dans celui-ci en 2016 (2,3 milliards d'euros). Grâce à ces investissements, SFR a rattrapé son retard dans la 4G .
"En moyenne, les gens consomment 3 à 4 Go par mois en vidéo, données..., précise-t-on chez SFR. Avec l'offre de Red, ils vont avoir beaucoup plus. C'est du vrai illimité." Il est en effet très rare de consommer 100 Go par mois. Déjà, 50 Go de data, c'est énorme.
Récemment, plusieurs sites Internet spécialisés ont mentionné l'existence d' un client de Free Mobile ayant réussi à utiliser 104 Go de données en un mois (sur son abonnement 50 Go). Mais aujourd'hui, cela reste l'exception.
Sur le papier, l'offre de SFR apparaît donc avant tout comme un coup marketing. Mais demain ? De plus en plus d'abonnés utilisent la 4G de leur mobile sur leur ordinateur portable, en partage de connexion. Ils consomment notamment beaucoup de vidéo. De ce point de vue, l'offre pourrait correspondre aux besoins futurs des consommateurs.
Piratage de Yahoo! : quatre personnes inculpées aux Etats-Unis, dont deux espions russes
Le géant du Net avait dévoilé en septembre que 500 millions de comptes d’utilisateurs avaient été compromis lors d’une cyberattaque menée en 2014. Le groupe a ensuite révélé un piratage encore plus massif, remontant cette fois à 2013
Le géant du Net a été victime de deux cyberattaques massives en 2013 et 2014. Des affaires qui ont failli remettre en question le rachat de son cœur de métier par le géant des télécoms américain Verizon.
Les liens entre les cyberattaques menées à l'encontre de Yahoo! il y a plusieurs années et le gouvernement russe se confirment. Le département de la Justice américain et le FBI ont révélé ce mercredi l'inculpation de quatre personnes impliqués dans ces piratages massifs. Parmi eux, deux membres des services de renseignement russes FSB.
Selon un communiqué du ministère américaine de la Justice (DoJ), les deux espions russes ont "protégé, dirigé, facilité et payé des pirates informatiques criminels" pour mener des cyberattaques aux Etats-Unis et dans d'autres pays, et accéder notamment aux comptes en ligne de journalistes russes, de responsables gouvernementaux russes et américains, ainsi que de salariés d'entreprises privées de divers pays.
Deux de ces hackers, un Russe et un homme ayant la double nationalité canadienne et kazakhe, figurent aussi parmi les inculpés de mardi.
Le géant du Net avait dévoilé en septembre dernier que 500 millions de comptes d'utilisateurs avaient été violés lors d'une cyberattaque menée en 2014. A l'époque, Yahoo! avait mis en cause des pirates "probablement liés à un Etat" . En décembre, le groupe américain a ensuite révélé un piratage encore plus massif, remontant cette fois à 2013 : plus d'un milliard d'internautes sont concernés, soit la quasi-totalité des utilisateurs des services de Yahoo!.
Pour l'heure, les médias américains ne savent pas si les hackers actuellement dans le viseur des autorités sont liés à la première, à la seconde ou aux deux cyberattaques.
Cette série d'attaques a sérieusement compromis la réputation de Yahoo!, qui peinait déjà à faire face aux autres géants de l'Internet de la Silicon Valley ces dernières années. Pire pour l'entreprise, ces affaires ont failli remettre en question le rachat de son coeur de métier par le géant des télécoms Verizon.
Comment les opérateurs télécoms se préparent à la fin du roaming
La fin, en juin 2017, des surcoûts payés lors de l’utilisation du téléphone portable depuis l’étranger, va engendrer un manque à gagner pour les opérateurs télécoms. Free a pris de l’avance, mais Orange, SFR et Bouygues Telecom s’y préparent aussi.
Le roaming, ces surcoûts que l'on paye lors de l'utilisation de son téléphone portable depuis l'étranger, représentent une manne pour les opérateurs télécoms. Mais en Europe, la Commission européenne a décidé d'y mettre un terme à partir de juin 2017. Avec sa nouvelle offre , Free prend donc un temps d'avance en « abolissant les frais de roaming » comme le dit Xavier Niel, fondateur de l'opérateur, dans un tweet publié mardi. C'est-à-dire en les supprimant, dès aujourd'hui, pour tous ses abonnés, et pendant toute l'année, dans plus de 35 pays.
Si Free est le plus avancé, tous les opérateurs télécoms se préparent à cette grande échéance qui va impacter leurs revenus. En France, Bouygues Telecom, SFR et Orange ont déjà eux aussi des forfaits mobiles incluant les frais d'itinérance en Europe (donc au même tarif qu'en France), mais ils concernent surtout leurs offres haut de gamme. Et souvent, ces offres sont limitées dans le temps (35 jours par an, par exemple).
'équation n'est pas simple pour eux. « Si l'opérateur anticipe trop vite la fin du roaming, il peut perdre des revenus. S'il va trop lentement, il peut perdre des parts de marché », résume Sylvain Chevallier, associé chez BearingPoint. Chez Bouygues Telecom, on assure par exemple que les forfaits évolueront « en temps et en heure, en conformité avec la nouvelle réglementation européenne ».
Pour les « telcos », le roaming va se traduire par un manque à gagner. Chez Orange, on a déjà fait les comptes : ce sont 150 millions d'euros d'Ebitda (résultat brut d'exploitation) qui pourraient faire défaut cette année par rapport à 2016 (soit 1,2 % de l'Ebitda 2015). Cela représente surtout une part assez significative des revenus entreprises des opérateurs : 10 % à 15 % de la facture, environ. C'est beaucoup moins sur la partie grand public.
En moyenne, en Europe, 5 % des revenus des opérateurs dans le mobile pourraient être impactés. Ils vont perdre les surcoûts facturés aux clients lorsqu'ils sont à l'étranger. Et, en plus, les frais d'interconnexion, c'est-à-dire les reversements des opérateurs télécoms entre eux : quand un abonné Orange se rend en Allemagne, par exemple, il emprunte le réseau de Deutsche Telecom et Orange paye l'opérateur allemand pour cela. « La période de vacances qui est traditionnellement profitable pour les opérateurs pourrait finalement leur coûter de l'argent », estime Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James.
Bien sûr, aujourd'hui, les opérateurs cherchent le moyen de compenser ces pertes de marges. On pourrait ainsi avoir des augmentations de forfaits, dans certains pays. C'est déjà le cas en Allemagne par exemple, alors que le pays envoie chaque année de gros contingents de touristes dans les pays du Sud de l'Europe. A priori, cela ne devrait pas concerner la France, qui pratique parmi les tarifs les plus bas d'Europe et reste pour l'instant un marché très concurrentiel avec quatre opérateurs...
En savoir plus